LE blog sur la Qualité dans les Services...

samedi, mars 10, 2007

C'est pas juste...

Las, j'ai dû il y a peu me confronter pour la 1ère fois à la justice. Oh, pas pour un délit, rassurez-vous. Concentrons notre attention sur le fonctionnement de ce système assez unique. Ayant eu plus à faire à l'avocat qu'aux juges, c'est surtout à eux que je m'intéresserai. D'autant qu'il faut rendre cette justice (ah, ah) à nos magistrats, les avocats eux n'appartiennent pas à la fonction publique. Doit-on croire à une contamination croisée ?


Tu peux me remplacer à 10h00 à la 3e chambre ?...
Il faut tout d'abord se familiariser avec le rythme: dans la "vraie vie" professionnelle, l'unité de temps est le jour, voire l'heure. Rien de cela ici. On raisonne en mois. Chaque échange de courrier prend une unité de temps, soit un mois. Vous avez dit courriel ? Courr... comment ? E-mail ? Non, je ne vois pas. Téléphone mobile ? Je ne suis pas sûr de saisir. Vous voulez dire qu'on peut le déplacer avec son fil ? Eh oui. Pour joindre l'injoignable avocate, il faut passer par l'incontournable secrétariat dont l'amabilité dissuade de franchir une porte de prison. Donc, après 17h00, fin des émissions. Même si l'avocate est dans son bureau, pas de réponse, la secrétaire est partie.

Une rencontre face à face. Une seule. C'est assez. Visiblement, l'avocate n'a pas du tout préparé cette entrevue. J'ai l'impression d'en savoir 10 fois plus qu'elle sur le droit associé à mon cas. Je lui fait des remarques et n'obtiens que des réponses vagues et bredouillées. Un désastre (je dois préciser que pour différentes raisons, je n'ai pas eu le choix de cette avocate).

Un jour où je réussis par miracle à la contacter, elle qui réside à des centaines de kilomètres de moi, je me mets d'accord pour obtenir à l'avenir de son secrétariat des rendez-vous téléphoniques. Bien entendu, dès mon appel suivant requérant une date et une heure, je m'entends répondre d'une voix plus sèche encore que les fois précédentes et carrément outrée : "nous n'avons pas pour habitude de donner des rendez-vous téléphoniques !...". Mon sang ne fait qu'un tour et demi et je réplique vertement: "chère Madame - et dois-je vous rappeler que vous êtes chère dans tous les sens du terme - je suis un client. Vous savez, un CLIENT ? Je suis sûr que vous en avez déjà vus ? J'aimerais donc être traité comme tel. Je vous donne 30 secondes pour me proposer un rendez-vous téléphonique, principe sur lequel je me suis mis parfaitement d'accord avec votre patronne. Allons-y, je vous écoute". Un blanc s'ensuit. Curieusement, j'ai reçu par la suite une attention nettement améliorée et un ton franchement 2 crans en-dessous. Mais il faut croire que cela ne suffisait pas.

La fin de cette longue ligne droite se présente enfin, les derniers papiers sont en cours de signature. Patatras. Erreur du cabinet dans les adresses figurant sur les précieux documents circulant par voie postale, éloignement géographique oblige. Les dits documents sont donc modifiés et renvoyés. Tout est sous contrôle. Tout ? Sauf que Maître R... est partie en vacances sans que j'en sois averti et que le dossier ne sera déposé qu'à son retour... un mois plus tard. Il faut savoir que tant que le dossier n'est pas déposé, le délai d'environ 6 mois dû au retard du tribunal ne commence pas à courir... Ayant appelé le cabinet, il me semble me souvenir aujourd'hui avoir plutôt dérogé à mon habituelle règle de courtoisie. Oui, on va même dire: franchement. Je leur ai donné une semaine pour me confirmer le dépôt du dossier au tribunal, faute de quoi j'envisagerai plus que fortement de ne pas payer la dernière partie de la note. Le tout en termes assez fleuris. Moins d'une semaine après, le dossier est dans la pile d'attente du juge.

Jure et facto...

Jour du jugement. Les "justiciables" attendent tous debout dans le couloir, parfois plusieurs heures. La seule chaise présente ne risque pas d'être volée, tout le monde a les yeux rivés dessus, se demandant à quelle heure il aurait fallu arriver pour en bénéficier. Et si jamais l'heureux privilégié était appelé bientôt ? Rapprochons-nous un peu, on ne sait jamais. Tout peut se jouer en une fraction de secondes, il ne faut négliger aucune précaution.

L'attente est peut-être longue (il faudra qu'on m'explique cette manie des institutions publiques - l'hôpital fait de même - consistant à convoquer 30 personnes à la même heure. Une suggestion d'amélioration évidente ici) mais au moins on a de la lecture. Outre les 30 personnes impatientes, ce couloir regorge en effet de cartons d'archives débordants et éventrés pour certains. On peut ainsi prendre connaissance de différents jugements et notes internes. Un avant-goût de confidentialité.

Tiens, voici l'avocate. Il était temps, si j'avais été appelé avant son arrivée... Enfin, elle est là. Oui, mais c'est pour m'annoncer: "je suis appelée à une "autre chambre" et ne pourrais sans doute pas être avec vous. Mais j'ai amené un collègue qui pourra me remplacer. Aucun problème, il est au courant, il a rapidement parcouru le dossier hier soir". No comment. "Euh, au fait, avez-vous la dernière partie de mon règlement ?".(moi) "Oui, oui. Je la donnerai à votre collègue APRÈS le jugement".

Passage devant Madame le juge. Pas d'anicroche particulière jusqu'à ce que, lisant un document, elle annonce: "Dîtes-moi, Maître, vous faites référence page 3 à une annexe. Où est-elle ?". Je dois admettre que le maître de substitution ne s'est pas démonté une seule seconde. Feuilletant son propre exemplaire et s'apercevant qu'il contient l'annexe, il arrache cette dernière et la tend au juge: "tenez, voici de quoi compléter votre document". Tête du juge. Elle a entrouvert la bouche comme le Papa du Petit Nicolas, et comme lui elle a préféré la refermer sans rien dire mais n'en pensant certainement pas moins. Elle a saisi la feuille et terminé son travail.


NB: je dois à l'honnêteté qui est à la base de la ligne éditoriale de ce Blog de préciser qu'ayant eu à faire depuis à d'autres avocats, je n'ai pas nécessairement rencontré chaque fois cette incurie. C'est donc un bon exemple qui renforce l'axiome de base: l'individu reste plus que jamais au coeur de la qualité de service. C'était évident ? Alors, pourquoi tous ces problèmes ?...


(cliquez sur retour, une rubrique ci-dessous ou un thème à droite de la page)

Aucun commentaire: