
La scène montre une chambre d'hôpital. Côté cour, une folle du logis hurlant, gémissant, nuit et jour (non, ce n'était pas à St Anne...), ingurgitant jour après jour, morceau après morceau, la télécommande de sa télévision (ou allumant la dite télévision à fond de volume à 3h du matin. Côté jardin, un ballet d'infirmières et d'aides-soignantes, rarement troublé par la venue d'un Médecin (la majuscule est délibérée).

Passons rapidement sur les épisodes croustillants des urgences: dossier égaré, confusion avec un autre patient (j'ai cru qu'on allait m'opérer à sa place - ça n'existe que dans les films de série B ? Eh bien non...) et citons pêle-mêle dans le florilège du séjour:
- le matériel et l'attitude: attention, voici un "scope" (comme disent les infirmières, qui ont même oublié de quel nom complet vient cette abréviation): de nombreuses petites ventouses surveillent rythme cardiaque et respiration, via de charmantes courbes sur écran. Le problème est qu'après 3 heures d'observation intense (c'était le seul jeu video mis à ma disposition), je constate que de toute évidence, cet appareil... ne fonctionne pas correctement. A moins de penser que mon pouls puisse passer de 80 à 340 pulsations/mn en moins de 2 secondes, puis revenir à 70 dans le même laps de temps. Il m'a fallu près d'une journée pour attraper une infirmière et tenter de la convaincre. Après quelques instants, elle finit par admettre:
Faut-il aussi préciser que mes tentatives d'utilisation de l'alarme n'ont jamais rien donné ? 2 heures plus tard, toujours personne...
- le silence des hôpitaux: outre la voisine hurleuse (gémissante, plutôt, devrais-je dire), on trouve des infirmières se racontant de bonnes blagues et leur vie intime à haute voix à 3h du matin dans les couloirs, claquant les portes des systématiquement, faisant irruption en pleine nuit sans rien envier à John Wayne pénétrant dans le saloon de OK Coral, ouvrant les fenêtres
pour aérer des chambres envahies par la chaleur du joli mois de mai (il n'y a pas de climatisation, bien sûr) et donnant ainsi accès au doux murmure du marteau-piqueur juste sous la fenêtre, le voisin de chambre s'endormant télévision à fond de volume.
- L'écoute et la communication: 5 fois la même question en 2h de temps: nom, date de naissance, problème. Les dossiers ? Quels dossiers ? Egaré, comme aux urgences ? Dossiers multiples, dont aucun à jour. Pas de respect de la traçabilité sur les administrations de médicaments ou les symptômes observés ? Aucune écoute - les médecins se moquent totalement de ce que vous pouvez avoir à leur raconter. Ce n'est pas votre histoire qui les intéresse, c'est la leur. Et lorsque vous essayez d'en voir un pour faire le point, ils jouent tous à cache-cache et font le tour du bâtiment pour... vous éviter ! (rigoureusement authentique...).
J'ai vu un patient diabétique trottiner dans le couloir pour signaler qu'il n'avait pas eu son injection d'insuline - c'est tout juste si on l'a cru... A des aides soignantes venant apporter son petit déjeuner à mon voisin de chambre incapable de parler, j'ai dû timidement signaler qu'à ma connaissance, il était en attente d'une prise de sang. Là encore, on ne m'a pas cru et j'ai dû insister pour que l'on vérifie...
Et tout ça, une nouvelle fois, n'est qu'un extrait d'une longue, très longue liste...
Mon avis: nous revoici dans la fonction publique. Vous me direz: manque de budget ? Non. Le respect du silence, la confiance dans les dires du malade, n'ont rien à voir avec de quelconques coupes budgétaires. Cette fois, je crois que c'est plutôt un problème de direction et d'exemple. Lorsqu'un médecin traverse un couloir où trône un lecteur de cassette lancé à fond sans faire aucune remarque, il y a un vrai problème. Lorsque les médecins sont les 1ers à ne pas appliquer un minimum de logique, de bon sens et de techniques de base (traçabilité, hygiène) et d'écoute du client, on ne peut attendre mieux de la part du personnel.
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