LE blog sur la Qualité dans les Services...

lundi, août 20, 2007

Immobilis in mobile

Immobilier ou immobili...ser ? That's the question.

Je dois à la fonction publique quelques excuses: ils ne sont pas les seuls à afficher des réactions du 19e siècle. Outre les avocats, les notaires et quelques autres déjà cités, l'immobilier est un monde d'un autre âge.

Être locataire... Un numéro parmi des milliers. Surtout avec l'un des plus grands réseaux d'agences de France, qui n'a plus besoin de clients supplémentaires et n'a donc aucun, mais aucun sens du service et, plus grave encore, aucun sens de l'éthique.

La prise de l’appartement est en soi une aventure. On y apprend que nous est facturé un supplément « pour envoi de quittance ». Lorsqu’on objecte que c’est abusif, on nous répond « que la loi fait juste obligation de les mettre à disposition, pas de les envoyer ». Lorsqu’on réplique que « la loi fait obligation de tenir le règlement du loyer à disposition, pas de l’envoyer », la discussion cesse. Il a quand même fallu négocier pour retirer ce supplément...

Alors que j’étais encore à l’agence pour cette "prise en main", j‘ai appris qu’il me fallait être chez moi dans les 10 mn pour le passage de l’expert. Ayant rétorqué que ce n’était pas physiquement possible, on m’a répondu que « c’est un logiciel qui calcule le planning de l’expert à 5 mn près et c’est ce qu’il a prévu ». J’ai essayé vainement de faire comprendre à mon interlocuteur que, même en forme marathonienne, je ne pourrais tenir l’horaire. Compréhensif, il m’a suggéré de… me dépêcher. Arrivé en courant à mon immeuble, j’y ai trouvé l’expert furieux et sur le point de s’en aller.



Les moyens de paiement ont aussi été l’objet détranges pratiques . Je n’accepte jamais de prélèvement automatique par principe. C'est un système à sens unique qui implique que le locataire fasse une entière confiance au prestataire, ce qui inverse complètement le concept client/fournisseur. J’ai donc opté pour le virement. Il est arrivé une fois que ma banque fasse une erreur et un virement n'a pas eu lieu. L'agence a été très rapide à …me le faire savoir, avec menaces écrites d’huissier à la clé. Plus tard, ils ont tenté de me forcer la main en "interdisant les règlements par virements". En leur laissant le choix entre le virement ou venir chercher leur chèque à mon domicile en fin de mois, j'ai obtenu un retour au bon sens.

Un jour, j’ai fait remarquer que le chauffage de l’appartement laissait fortement à désirer, en particulier dans la pièce principale. En hiver, atteindre 18°c tenait du miracle, ce qui n’était guère surprenant étant donné le système archaïque. J'ai donc demandé que soit au moins établi un devis de changement des radiateurs.

Passons sur les détails : 9 mois de relance active pour obtenir gain de cause. On me répondait « oui, nous nous en occupons, mais il y a de grandes chances que le propriétaire refuse». J’insistais sur le fait que, pour le savoir, encore fallait-il lui proposer un devis. Même la société qui nous était imposée comme prestataires pour l’entretien a été écartée : « incompétents et trop chers » (lorsque j’ai demandé à faire retirer de mon loyer ce montant - car « incompétents » - j’ai eu un message me disant que c’était impossible car faisant partie des clauses du bail). Le propriétaire a mis moins de 2 jours à répondre positivement. Enfin, une entreprise est intervenue, 9 mois après ma 1ère demande.

J’ai été naturellement en contact avec l’entreprise de chauffage pour les dates de travaux. Au 1er appel, le gérant m’a expliqué « je vous appelle pour ces travaux …avant que votre propriétaire reprenne l’appartement ». Devant mon étonnement, il a balbutié, très gêné. J’ai interrogé mon contact à l'agence qui m’a assuré que ce n’était absolument pas à l’ordre du jour.

Curieusement, un huissier est venu sonner à ma porte en plein mois d'août. J’avoue que c’est la 1ère fois que j’ai à faire à un officier judiciaire et je me suis sérieusement demandé le motif de cette visite. Il m’a indiqué « vous êtes certainement au courant, c’est pour la reprise de l’appartement par le propriétaire ». Non, je n’étais pas au courant. Il a paru étonné. Moi aussi.

Étonné de n’avoir pas été prévenu, ce qui, au-delà de la loi, est simplement la moindre des corrections. Étonné, car j’ai tout lieu de penser au vu de l’épisode du chauffagiste que c’est une décision connue depuis longtemps. Étonné du recours à un huissier là où un recommandé suffit (l’huissier aussi en était surpris). Étonné enfin que personne de l'agence ne se soit manifesté pour me proposer de m’aider à retrouver un logement, ce qui cette fois est le moindre des réflexes commerciaux de base !... Inutile d'ajouter que mon 1er courrier de plainte à l'agence est resté sans suite ("perdu par la Poste ?" m'a-t-on dit sans rire), et mes courriers au siège du réseau, y compris au Directeur Général, restés inutiles. Deux siècles de retard. Au moins.

Propriétaire, c'est quand même mieux... Ah ? En tous cas, pas lorsqu'on achète sur plans. Peut-on croire au 21e siècle qu'à la date prévue de réception du logement, aucune information ne parvient. Lorsqu'on se met en peine de savoir si le dit logement est bel et bien terminé, la réponse vient, tardivement: "nous prévoyons au moins 9 mois de retard"...

Un mot d'excuse ? Que nenni. Une compensation financière pour non-respect de contrat ? Jamais de la vie. Quant à l'intermédiaire bancaire qui m'avait conseillé ce promoteur et m'avait assuré que les retards dans l'immobilier étaient d'une autre époque, il me dissuade de toute action en justice, au prétexte que "vous savez, ils gagnent toujours à la fin. Aucun particulier n'a jamais eu gain de cause"...

Monsieur le Ministre, encore un autre lourd dossier à ouvrir ?...

Mon avis

Toute entreprise dont la part de marché devient trop importante (ou en situation de monopole ou quasi-monopole) finit par se laisser complètement aller. Pourquoi s'en faire ? la priorité n'est pas à la qualité de service ni à de nouveaux clients, elle est à l'augmentation de la marge. Et des traditions séculaires comme les retards exhorbitants dans le bâtiment (qui traduisent d'ailleurs une incompétence record) ne peuvent être combattues que par la réglementation. Eh oui, pour une fois, je demande l'intervention de l'Etat... Comment peut-on laisser de pareils méfaits impunis ?...


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Du concentré de non-qualité

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